Face à une situation d'urgence médicale, connaître les gestes de premiers secours peut faire la différence entre la vie et la mort. Ces techniques essentielles permettent d'agir rapidement et efficacement en attendant l'arrivée des secours professionnels. Que ce soit pour réanimer une personne en arrêt cardiaque, stopper une hémorragie ou prendre en charge un traumatisme, maîtriser ces gestes cruciaux peut sauver des vies. Cet article présente en détail les principaux gestes de premiers secours à connaître pour être prêt à intervenir en cas de besoin.
Techniques de réanimation cardio-pulmonaire (RCP) selon les protocoles ERC
La réanimation cardio-pulmonaire est une technique fondamentale pour maintenir la circulation sanguine et l'oxygénation en cas d'arrêt cardiaque. Selon les dernières recommandations de l'European Resuscitation Council (ERC), la RCP doit être initiée le plus rapidement possible pour maximiser les chances de survie de la victime. Il est essentiel de maîtriser les différentes étapes de cette technique pour l'appliquer correctement en situation d'urgence.
Compression thoracique : positionnement et rythme optimal
La compression thoracique est l'élément central de la RCP. Pour l'effectuer correctement, placez-vous à genoux sur le côté de la victime et positionnez vos mains au centre du thorax, sur la moitié inférieure du sternum. Gardez vos bras tendus et vos épaules à la verticale des mains. Comprimez le thorax d'environ 5 à 6 cm de profondeur, à un rythme de 100 à 120 compressions par minute. Veillez à laisser le thorax reprendre sa forme initiale entre chaque compression pour permettre le retour veineux.
Ventilation artificielle : méthode bouche-à-bouche vs masque de poche
La ventilation artificielle complète les compressions thoraciques en apportant de l'oxygène à la victime. La méthode du bouche-à-bouche consiste à insuffler de l'air dans les poumons de la victime en pinçant son nez et en plaçant votre bouche sur la sienne. Alternativement, l'utilisation d'un masque de poche offre une barrière de protection hygiénique tout en facilitant l'insufflation. Quelle que soit la méthode choisie, effectuez deux insufflations après chaque série de 30 compressions thoraciques.
Utilisation du défibrillateur automatisé externe (DAE) en situation d'urgence
Le défibrillateur automatisé externe est un appareil capable de délivrer un choc électrique pour rétablir un rythme cardiaque normal. Son utilisation précoce augmente considérablement les chances de survie. Dès qu'un DAE est disponible, allumez-le et suivez ses instructions vocales. Placez les électrodes sur le thorax nu de la victime selon le schéma indiqué. Le DAE analysera le rythme cardiaque et vous indiquera si un choc est nécessaire. Dans ce cas, assurez-vous que personne ne touche la victime avant de déclencher le choc.
Adaptations de la RCP pour les enfants et nourrissons
La RCP chez les enfants et les nourrissons nécessite quelques adaptations. Pour les enfants de 1 à 8 ans, utilisez une seule main pour les compressions thoraciques et réduisez la profondeur à environ 5 cm. Pour les nourrissons de moins d'un an, utilisez deux doigts pour les compressions et limitez la profondeur à 4 cm. Le rythme reste le même que pour les adultes. La ventilation doit être adaptée à la taille de l'enfant, en insufflant moins d'air et en vérifiant attentivement le soulèvement du thorax.
Gestion des hémorragies externes et internes
Les hémorragies représentent une urgence vitale nécessitant une intervention rapide. La perte importante de sang peut entraîner un état de choc et mettre en danger la vie de la victime. Il est crucial de savoir identifier et traiter efficacement les différents types d'hémorragies pour limiter les pertes sanguines en attendant l'arrivée des secours.
Application de points de compression artérielle : carotidien, brachial, fémoral
La compression artérielle est une technique permettant de stopper rapidement une hémorragie en comprimant l'artère en amont de la blessure. Les principaux points de compression sont :
- Le point carotidien : situé sur le côté du cou, pour les hémorragies de la tête et du cou
- Le point brachial : situé à la face interne du bras, pour les hémorragies du membre supérieur
- Le point fémoral : situé au pli de l'aine, pour les hémorragies du membre inférieur
Appliquez une pression ferme avec vos doigts sur le point de compression correspondant jusqu'à l'arrêt du saignement. Cette technique nécessite une bonne connaissance de l'anatomie et doit être maintenue jusqu'à la prise en charge médicale.
Techniques de pose de garrot tourniquet : indications et précautions
Le garrot tourniquet est utilisé en dernier recours pour les hémorragies massives des membres, lorsque les autres techniques sont inefficaces. Pour le poser correctement :
- Placez le garrot à la racine du membre, au-dessus de la plaie
- Serrez fermement jusqu'à l'arrêt complet du saignement
- Notez l'heure de pose du garrot
- Ne jamais le desserrer une fois posé
- Informez les secours de la présence du garrot
L'utilisation d'un garrot tourniquet comporte des risques et ne doit être envisagée qu'en cas d'hémorragie incontrôlable mettant en jeu le pronostic vital.
Traitement des plaies hémorragiques par pansement compressif
Pour la plupart des hémorragies externes, l'application d'un pansement compressif est la technique de choix. Commencez par exercer une pression directe sur la plaie avec un linge propre ou une compresse stérile. Maintenez cette pression pendant au moins 10 minutes sans relâcher. Si le saignement persiste, ajoutez des compresses supplémentaires par-dessus les premières sans retirer celles déjà en place. Fixez ensuite l'ensemble avec une bande élastique en serrant suffisamment pour maintenir la compression, mais sans entraver la circulation.
Prise en charge des victimes de traumatismes
Les traumatismes, qu'ils soient dus à des accidents de la route, des chutes ou des impacts violents, nécessitent une prise en charge spécifique pour éviter l'aggravation des lésions. La stabilisation de la victime et l'immobilisation des zones touchées sont primordiales en attendant l'arrivée des secours spécialisés.
Immobilisation cervicale manuelle et pose de collier cervical
En cas de suspicion de traumatisme cervical, la première action consiste à maintenir manuellement la tête de la victime dans l'axe du corps pour éviter tout mouvement. Placez-vous à la tête de la victime et maintenez délicatement sa tête entre vos mains, en veillant à ne pas exercer de traction. Si vous disposez d'un collier cervical et que vous êtes formé à son utilisation, vous pouvez le mettre en place tout en maintenant l'immobilisation manuelle. Le collier doit être adapté à la taille de la victime et posé sans forcer, en respectant l'alignement de la colonne vertébrale.
Techniques de retournement en urgence : méthode de la cuillère
Dans certaines situations, il peut être nécessaire de retourner une victime inconsciente qui respire, pour la placer en position latérale de sécurité. La méthode de la cuillère permet de réaliser ce retournement en préservant l'axe tête-cou-tronc :
- Placez-vous avec un ou deux aides du même côté de la victime
- Fléchissez le bras de la victime du côté où vous vous trouvez
- Saisissez la victime au niveau de l'épaule, de la hanche et du genou
- Sur un signal, roulez la victime vers vous d'un bloc, en la maintenant alignée
- Une fois sur le côté, ajustez la position pour assurer la stabilité et la liberté des voies aériennes
Stabilisation des fractures ouvertes et fermées
Face à une fracture, l'objectif est d'immobiliser la zone atteinte pour limiter la douleur et prévenir l'aggravation des lésions. Pour une fracture fermée, utilisez des attelles adaptées ou improvisées pour maintenir l'articulation au-dessus et en-dessous de la fracture. En cas de fracture ouverte, commencez par couvrir la plaie avec un pansement stérile avant d'immobiliser. Évitez de réaligner un membre fracturé , sauf si la déformation compromet la circulation sanguine. Dans tous les cas, surveillez régulièrement la sensibilité, la motricité et la coloration du membre atteint.
Reconnaissance et traitement des urgences vitales
La capacité à identifier rapidement une urgence vitale est cruciale pour initier les gestes de premiers secours appropriés. Certaines situations nécessitent une action immédiate pour préserver les fonctions vitales de la victime. Maîtriser ces techniques peut faire la différence entre la vie et la mort dans les premières minutes suivant un incident.
Identification des signes d'arrêt cardio-respiratoire
Reconnaître un arrêt cardio-respiratoire (ACR) est la première étape pour initier une réanimation. Les signes à rechercher sont :
- L'absence de conscience : la victime ne répond pas aux stimulations verbales et tactiles
- L'absence de respiration normale : après avoir libéré les voies aériennes, observez si le thorax se soulève, écoutez les bruits respiratoires, et sentez le flux d'air sur votre joue
- L'absence de pouls carotidien (à vérifier uniquement si vous êtes formé)
Si ces signes sont présents, débutez immédiatement la RCP et appelez les secours. Chaque seconde compte pour augmenter les chances de survie.
Manœuvre de heimlich pour désobstruction des voies aériennes
L'obstruction totale des voies aériennes par un corps étranger est une urgence absolue. Si la victime ne peut plus parler, tousser ou respirer, appliquez la manœuvre de Heimlich :
- Placez-vous derrière la victime et entourez sa taille de vos bras
- Formez un poing avec une main et placez-le entre le nombril et le sternum
- Saisissez votre poing avec l'autre main
- Exercez des compressions abdominales rapides vers vous et vers le haut
- Répétez jusqu'à expulsion du corps étranger ou perte de conscience de la victime
Pour un nourrisson, alternez 5 claques dans le dos et 5 compressions thoraciques, en adaptant la force à sa taille.
Gestion d'une crise convulsive : position latérale de sécurité (PLS)
Lors d'une crise convulsive, la priorité est de protéger la victime des blessures. Écartez les objets dangereux, mais ne tentez pas de contenir les mouvements. Une fois les convulsions terminées, si la victime est inconsciente mais respire normalement, placez-la en position latérale de sécurité (PLS) :
- Tournez la victime sur le côté
- Placez le bras du dessus à angle droit avec le corps, coude fléchi
- Remontez la jambe du dessus pour stabiliser la position
- Basculez la tête en arrière pour dégager les voies aériennes
- Surveillez la respiration en attendant les secours
La PLS permet de prévenir l'obstruction des voies aériennes et facilite l'écoulement des sécrétions hors de la bouche.
Prise en charge d'un choc anaphylactique : utilisation d'auto-injecteur d'adrénaline
Le choc anaphylactique est une réaction allergique sévère pouvant engager le pronostic vital. Les signes incluent des difficultés respiratoires, un gonflement du visage ou de la gorge, et une chute de tension. Si la victime dispose d'un auto-injecteur d'adrénaline (comme un EpiPen), son utilisation rapide est cruciale :
- Retirez le capuchon de sécurité de l'auto-injecteur
- Placez l'extrémité orange contre la face externe de la cuisse
- Appuyez fermement jusqu'à entendre un déclic, maintenez 10 secondes
- Massez la zone d'injection pendant 10 secondes
- Appelez immédiatement les secours
Même après l'injection, une surveillance médicale est nécessaire car les symptômes peuvent réapparaître.
Protocoles spécifiques pour urgences environnementales
Les urgences liées à l'environnement, telles que les brûlures, l'hypothermie ou la noyade, nécessitent des protocoles de prise en charge spécifiques. Ces situations requièrent une action rapide
et une intervention adaptée pour minimiser les risques et maximiser les chances de survie de la victime.Traitement des brûlures thermiques et chimiques selon la règle des 9 de wallace
La prise en charge immédiate des brûlures est cruciale pour limiter leur gravité. La règle des 9 de Wallace permet d'évaluer rapidement l'étendue des brûlures chez un adulte en divisant le corps en zones représentant chacune 9% (ou un multiple de 9%) de la surface corporelle totale :
- Tête et cou : 9%
- Chaque bras : 9%
- Face antérieure du tronc : 18%
- Face postérieure du tronc : 18%
- Chaque jambe : 18%
- Région génitale : 1%
Pour les brûlures thermiques, refroidissez immédiatement la zone brûlée sous l'eau tempérée (15-25°C) pendant au moins 15 minutes. Pour les brûlures chimiques, rincez abondamment à l'eau courante pendant 20 minutes minimum, en retirant les vêtements imprégnés. N'appliquez jamais de corps gras sur une brûlure et consultez rapidement un médecin pour toute brûlure étendue ou profonde.
Gestion de l'hypothermie accidentelle : technique de réchauffement progressif
L'hypothermie survient lorsque la température corporelle descend en dessous de 35°C. Face à une victime en hypothermie :
- Mettez la victime à l'abri du froid et du vent
- Retirez les vêtements mouillés et séchez délicatement la peau
- Enveloppez la victime dans des couvertures chaudes, en couvrant la tête
- Réchauffez progressivement le tronc, le cou et la tête
- Si la victime est consciente, donnez-lui des boissons chaudes et sucrées (pas d'alcool)
Évitez un réchauffement trop rapide ou localisé, qui pourrait provoquer des brûlures ou des troubles du rythme cardiaque. Surveillez attentivement la respiration et l'état de conscience de la victime en attendant les secours.
Premiers secours en cas de noyade : drainage postural et oxygénothérapie
La noyade nécessite une intervention rapide pour rétablir la respiration. Après avoir sorti la victime de l'eau :
- Vérifiez la conscience et la respiration
- Si la victime ne respire pas, commencez immédiatement la RCP
- Si elle respire, placez-la en position latérale de sécurité (PLS)
- Effectuez un drainage postural en surélevant légèrement les pieds pour faciliter l'évacuation de l'eau des poumons
- Réchauffez progressivement la victime pour prévenir l'hypothermie
Si disponible, administrez de l'oxygène à haut débit (15L/min) via un masque à haute concentration. Toute victime de noyade, même apparemment peu grave, doit être transportée à l'hôpital pour surveillance, en raison du risque d'œdème pulmonaire retardé.